La rempailleuse

Guy de Maupassant

• né le 5 août 1850 à Tourville-sur-Arques en Normandie
• décédé le 6 juillet 1893 à Paris syphilis
• élevé par sa mère grande admiratrice de Gustave Flaubert
• 1862: entrée au collège religieux d’Yvetot + études secondaires au lycée de Rouen
• amitié avec Flaubert à la fois son conseilleur et son inspiration de devenir écrivain
• rencontre avec d' autres auteurs populaires de l'époque: Zola, Huysmans, Daudet, les frères Goncourt
• carrière en tant qu’écrivain et journaliste littéraire français
• 1880-1890 : carrière en tant qu'écrivain réaliste
• œuvres sont marquées par le réalisme, le fantastique et le pessimisme

Contes de la Bécasse, 1883

"La rempailleuse"

• "la Rempailleuse" constitue un récit-cadre
• histoire racontée du point de vue du médecin
• la rempailleuse = personnage vagabond
• rencontre entre rempailleuse et garçon (M. Chouquet) dans leur enfance
• relation d'échange pendant quatre ans : argent contre baisers
• départ au collège du garçon = changement radical de leur relation
• désespoir de la rempailleuse tentative de suicide
• salvation par un clochard; soignée par le pharmacien = bonheur de la rempailleuse
• achat de provisions chez le pharmacien habitude
• mort de la rempailleuse mission du médecin
• hypocrisie des Chouquet, mais empathie du docteur

personnages principaux

Le médecin : bienveillant, capable d'empathie

histoire racontée à partir de son PDV

La rempailleuse : naïve, très généreuse, misérable, vagabonde, obsédée avec M. Chouquet

M. Chouquet et Mme Chouquet: opportunitiste, hypocrite

Situation initiale / Incipit 

• « Fin du dîner d’ouverture de chasse chez le marquis de Bertrans. Onze chasseurs, huit jeunes femmes et le médecin du pays étaient assis autour de la grande table illuminée, couverte de fruits et de fleurs. » (p. 81)

• Thème des convives : Amour

• Histoire d’amour racontée du point de vue du médecin dans laquelle il a été témoin (amour d’une rempailleuse pour le pharmacien du village, M. Chouquet)

Elément déclencheur :

• « Un jour – elle avait alors onze ans – comme elle passait par ce pays, elle rencontra derrière le cimetière le petit Chouquet qui pleurait parce qu’un camarade lui avait volé deux liards. (…) Elle s’approcha et, quand elle connut la raison de sa peine, elle versa entre ses mains toutes ses économies, sept sous, qu’il prit naturellement, en essuyant ses larmes. Alors, folle de joie, elle eut l’audace de l’embrasser. Comme il considérait attentivement sa monnaie, il se laissa faire. Ne se voyant ni repoussée, ni battue, elle recommença ; elle l’embrassa à pleins bras, à plein cœur. Puis elle se sauva. » (p. 84)
• rencontre avec le petit Chouquet
• Elément déclencheur qui va conduire à la naïveté/ à l’amour de la rempailleuse et à l’opportunisme/ au mépris de M. Chouquet : « il se laissa faire »

Péripéties/ Aventures :

« Pendant quatre ans encore, elle versa entre ses mains toutes ses réserves, qu’il empochait avec conscience avec échange de baisers consentis. (…) Puis il disparut. On l’avait mis au collège. Alors elle usa d’une diplomatie infinie pour changer l’itinéraire de ses parents et les faire passer par ici au moment des vacances. Elle y réussit, mais après un an de ruses. Elle était donc restée deux ans sans le revoir ; et elle le reconnut à peine, tant il était changé, grandi, embelli, imposant dans sa tunique à boutons d’or. Il feignit de ne pas la voir et passa fièrement près d’elle. Elle en pleura pendant deux jours, et depuis lors, elle souffrit sans fin. Tous les ans, elle revenait. (…) Un jour, en rentrant dans ce village où son cœur était resté, elle aperçut une jeune femme qui sortait de la boutique Chouquet au bras de son bien-aimé. C’était sa femme. Il était marié. (…) Le soir même, elle se jeta dans la mare (…). Un ivrogne attardé la repêcha, et la porta à la pharmacie. Le fils Chouquet descendit en robe de chambre, pour la soigner, et, sans paraître la reconnaître, la déshabilla, la frictionna, puis il lui dit d’une voix dure : ‘’Mais vous êtes folle ! Il ne faut pas être bête comme ça !’’. Cela suffit pour la guérir. Il lui avait parlé. Elle était heureuse pour longtemps. » (p.85-86)

• départ du petit Chouquet au collège = changement de leur relation
• sentiment de superiorité par rapport à la rempailleuse  importance de son honneur (différence de classe sociale entre la rempailleuse et Chouquet)

• mariage de M. Chouquet tentative de suicide de la rempailleuse; soignée par le pharmacien

• alimentation de son obsession/ de son amour à travers le contact physique

• achat de provisions chez le pharmacien habitude (volonté de le voir, de lui parler, de lui donner de l'argent)

Dénouement :

• « Comme je vous l’ai dit en commençant, elle est morte ce printemps. Après m’avoir raconté toute cette triste histoire, elle me pria de remettre à celui qu’elle avait si patiemment aimé toutes les économies de son existence, car elle n’avait travaillé que pour lui, disait-elle, jeûnant même pour mettre de côté, et être sûre qu’il penserait à elle, au moins une fois, quand elle serait morte. » (p. 86-87)
• mort de la rempailleuse = fin de toute action
• rempailleuse n’a vécu que pour le pharmacien obsession ? amour ?)
• rempailleuse = au courant qu’il ne l’aime pas, mais voudrait qu’il pense à elle « au moins une fois »
• personnage qui suscite de l’empathie/ de la sympathie chez le lecteur à la fin du récit

• Situation finale / Explicit :

« Le lendemain, je me rendis chez les Chouquet (…). Dès qu’il eut compris qu’il avait été aimé de cette vagabonde, de cette rempailleuse, de cette rouleuse, Chouquet bondit d’indignation, comme si elle lui avait volé sa réputation, l’estime des honnêtes gens, son honneur intime (…). Je demeurais stupéfait (…). Mais j’avais à compléter ma mission. ‘’Elle m’a chargé de vous remettre ses économies, qui montent jusqu’à deux mille trois cents francs. (…), le mieux serait peut-être de donner cet argent aux pauvres.’’ (…) Mme Chouquet parla la première : ‘’Mais, puisque c’était sa dernière volonté, à cette femme … il me semble qu’il nous est bien difficile de refuser.’’ Le mari, vaguement confus, reprit : ‘’Nous pourrions toujours acheter avec ça quelque chose pour nos enfants.’’ Je dis d’un air sec : ‘’Comme vous voudrez.’’ Il reprit : ‘’ Donnez toujours, puisqu’elle vous en a chargé ; nous trouverons bien moyen de l’employer à quelque bonne œuvre.’’ Je remis l’argent, je saluai et partis. (…) Voilà le seul amour profond que j’aie rencontré, dans ma vie. » (p. 87-89)

• Dévoilement de l’hypocrisie des Chouquet

gens malhonnêtes ; acceptent l’argent de la rempailleuse alors qu’ils la méprisent

• Médecin = personnage honnête

accomplissement de sa mission / empathie envers la rempailleuse

Conception de l'oeuvre

Deux thématiques dans le conte:

1. thématique réaliste

• réalisme = bien représenté dans l'oeuvre (lieux, personnages, leur vies)
• structure du récit = réaliste
• amour de la petite fille pour M. Chouquet qui n'est pas retourné (différentes classes sociales)

2. thématique de l'argent

• argent constitue la base de l'histoire
• affection contre argent au début du récit (pendant quatre ans)
• à la mort de la rempailleuse argent = le plus important pour M. Chouquet

Registre

• mix entre satirique et pathétique
• Chouquet représente la bourgeoisie et la rempailleuse la pauvreté