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Concept

Apprendre à conceptualiser philosophiquement des notions

Définir les mots qui expriment les notions

Ex : "L'amour est-il une illusion ?"

  • Qu'est-ce que l'amour ?
  • Qu'est-ce qu'une illusion ?

Définir les mots qui expriment les notions

Définir précisément les mots…

Ex : "Le bonheur est-il accessible à l'homme ?"

  • Qu'est-ce que le bonheur ?

un plaisir intense ? un "instant de bonheur" ?

une durée ininterrompue ? une béatitude totale ? Peut-il être alors de ce monde ?

… pour savoir de quoi on parle

Qu'est-ce que la justice ? L'égalité ? C'est abstrait !

Qu'est-ce que le bonheur ?

C'est polysémique !

Distinguer les sens différents d’un mot…

Ex : "L'histoire est-elle rationnelle ?"

Quelle histoire ?

  • L’histoire d’un individu, sa biographie ?
  • L’histoire collective, celle des hommes ?

Y a-t-il une rationalité ou du hasard dans le déroulement des faits historiques ?

  • La science qui étudie le passé collectif des hommes : est-elle objective, permet-elle une connaissance rigoureuse ?

… pour clarifier les questions posées

Ex : "L’histoire a-t-elle un sens ?"

Un « sens », c’est-à-dire…

Une direction ?

Réponse possible : "avec l’effondrement des pays de l’Est, Marx a eu tort de penser que l’humanité va vers le communisme…"

Une signification ?

Réponse possible : "l’effondrement des pays de l’Est signifie que le communisme est une idéologie en crise, une simple parenthèse du XXe siècle..."

Exercice 15

Exercice 15

Chercher les différents sens d’un mot,

Ex. : Dieu.

  • Utilisez des dictionnaire courants ou philosophiques.
  • Éclairez-vous à travers la signification des mots : animisme, déisme, théisme, monothéisme, polythéisme, panthéisme.
  • Trouvez-vous un point commun à ces conceptions ?

Quelques sens du mot-notion « Dieu »

Corrigé

  • Cause transcendante, supérieure, créant le monde en dehors d’elle ; principe d’explication ; créateur de l’Univers ; le grand architecte ; cause de soi ; le « Dieu des philosophes et des savants » (théologie chrétienne, Descartes).
  • L'univers lui-même, la substance immanente à tous les êtres qui n’en sont que des « parties » (Panthéisme des Stoiciens, Spinoza).
  • L’achévement et la perfection vers lesquels tend l’ Univers. Dieu est ici moins la cause que la fin, la finalité, le but de l’histoire (Teilhard de Chardin).
  • Être personnel, supérieur à l’humanité, qui donne des ordres et fait des promesses, auquel on adresse des prières et qui les exauce s’il le juge bon : forces liées à des éléments naturels dans l’animisme (Ex. : Afrique) ; dieux pluriels dans le polythéisme (Ex. : Grèce, Rome, Inde) ; unique dans le monothéisme (Judaïsme, Christianisme, Islam : le Dieu « d’Abraham, d’Isaac et de Jacob »).
  • Principe suprême qui garantit la moralité (Kant).

On trouve dans ces conceptions l’idée d’une puissance supérieure, qu’elle

s’exerce dans l’ordre du Bien, de l’intelligence ou de l’action.

Se référer à l’étymologie du mot

Philosophie ?

Philo- : aimer, rechercher

-sophia : la sagesse

Travail ?

Tripalium = « trois pieux » (instrument de torture)

Personne ?

Persona : « à travers le masque », au-delà du rôle

Exercice 16

Chercher l’étymologie du mot

  • En vue de déterminer ultérieurement la meilleure forme de gouvernement (philosophie politique), vous ferez l’étude étymologique des mots suivants : autocratie, aristocratie, ploutocratie, gérontocratie, démocratie, monarchie, oligarchie, anarchie.

Exercice 16

Les formes de gouvernement

Corrigé

Cratein : gouverner.

Autocratie : soi-même et tout seul.

Aristocratie : par les meilleurs.

Ploutocratie : par la richesse (Ex. : suffrage censitaire où on ne vote qu’au-dessus d’un certain impôt).

Gérontocratie : par la vieillesse.

Démocratie : par le peuple et pour le peuple.

Archein : commandement.

Monarchie : par un seul (le Roi).

Oligarchie : par un petit nombre.

Anarchie : par aucun (sans chef).

S’appuyer sur les mots voisins et opposés

Joie

= Allégresse bonheur contentement exaltation exultation gaieté jubilation plaisir ravissement satisfaction liesse béatitude bien-être euphorie félicité entrain jouissance délectation volupté épanouissement

≠ Tristesse chagrin morosité peine détresse malheur affliction désespoir déprime mélancolie consternation douleur contrariété mécontentement désolation épreuve souffrance tourment tracas

Construire un réseau conceptuel

La joie

= État de satisfaction ou de contentement qui fait contraste avec des émotions ou des sentiments désagréables comme la tristesse ou la peine

- Le plaisir est lié au corps et non à ma personne globale Il est fugitif tel l’instant qui passe

La joie est plus intérieure, par son extension à tout le contenu de la conscience, et susceptible d’une certaine durée

+ Le bonheur, par l’idée de satisfaction de l’ensemble de nos inclinations, n’implique-t-il pas les notions de totalité et d’éternité ?

Exercice 17

Exercice 17

Établir un réseau des mots proches et contraires

Construire un tableau des synonymes et des antonymes (mots opposés) de la notion de « vérité ».

Définir la notion de vérité à partir des mots voisins, puis opposés, puis de mots proches mais en introduisant des nuances.

Doute, erreur, mensonge sont des mots opposés à la vérité ; en quoi sont-ils différents entre eux ?

Le concept de vérité

Proximité

  • Évidence justesse clarté exactitude connaissance objectivité logique cohérence conviction certitude vérification adhésion consensus
  • Absolu, universel, dogme
  • Réalité, conformité, naturel
  • Franchise, sincérité, authenticité

Opposition

  • Erreur fausseté confusion aberration ignorance contradiction irrationalité folie doute incertitude foi désaccord divergence
  • Relatif, hérésie
  • Apparence, illusion, artificiel
  • Tromperie, mensonge, hypocrisie, simulation

Corrigé

On peut définir la vérité :

  • par ses synonymes : « la clarté qui rayonne de l’évidence » « la connaissance objective et rationnelle des choses » « l’accord universel entre êtres de raison » « l’exactitude d’un raisonnement logiquement conduit » « l’authenticité d’une personne qui s’exprime avec franchise », etc.
  • à partir de ses antonymes (opposés) : « la non-contradiction d’un jugement ou d’un raisonnement » « sortir de l’ignorance aveugle, confuse et bornée » « dépasser par le doute ses opinions, croyances et préjugés » « dévoiler l’illusion que donne le mirage des apparences » « refuser un discours hypocrite »
  • en nuançant par rapport aux mots voisins : « une connaissance fondée », « une certitude qui ne s’en tient pas à l’apparence de l’évidence », « une conviction qui ne s’illusionne pas parce qu’elle correspond à quelque chose de réel », « un consensus qui repose sur la rationalité », « l’adhésion à quelque chose d’objectif », etc.

Doute, erreur, mensonge et illusion

Dans le doute, je ne sais si c’est vrai ou faux.

Dans l’erreur, je crois que je suis dans le vrai mais je me trompe.

Dans le mensonge, je sais que c’est faux mais fais croire que c’est vrai.

Dans l’illusion, je sais que c’est faux mais je continue à le voir ou le croire (Ex : le Soleil tourne autour de la Terre).

Repérer les champs d’application de la notion au réel

Le concept, outil d’explication du monde

Chercher les champs d'application de la notion

Le concept, outil d’explication du monde

Classer les domaines d’application

Le concept de "Loi" signifie :

Exemple 1 Le concept de "loi"

  • Dans le champ politique et juridique, une disposition votée par le Parlement qui doit être socialement respectée sous peine de sanction (Ex : Interdiction de fumer dans les lieux publics)
  • Dans le champ moral ou éthique, une obligation qui s’impose à la conscience intime d’une personne, ou de manière plus sociale une norme régissant les comportements des individus (Ex : soutenir un ami qui est dans la peine)
  • Dans le champ religieux, un devoir révélé à l’homme par Dieu (Ex : les tables de la loi, ou dix commandements)
  • Dans le champ scientifique, un rapport mathématique constant entre phénomènes (Ex : V = gt, la vitesse d’un corps dépend de son temps de chute). La loi descriptive de la science s’oppose à la loi normative ou prescriptive de l’éthique
  • Dans le champ artistique ou esthétique, un procédé concernant les techniques de création (Ex : les lois de la perspective) ou un jugement sur le Beau imposé par une école ou une époque (Ex : les canons de la sculpture grecque)

Le vrai, le bien, le beau :

  • Le vrai coïncide avec le champ de la logique, de la science, de l'épistémologie, (réflexion philosophique sur la science), de la métaphysique.

La notion de vérité n'a pas le même sens en Logique, où il s'agit de raisonner sans se contredire indépendamment de l’accord de ce qu’on dit avec la réalité, et en physique, où la vérité d’une loi, c’est sa conformité avec le réel par une vérification expérimentale.

  • Le bien coïncide avec le champ de l'éthique (morale, religion ou politique).

La notion d'« évolution » n'a pas le même sens en biologie (théorie scientifique où les espèces vivantes ne sont pas fixes et distinctes, mais changeantes et se transformant les unes dans les autres) et en morale (l’évolution spirituelle consiste par exemple à s’élever des plaisirs égoïstes à l’idéal du Bien).

  • Le Beau coïncide avec le champ de l'esthétique.

La notion de contemplation n'a pas le même sens en art (contempler une oeuvre) qu'en religion (les mystiques contemplent Dieu).

Exemple 2 Le vrai, le bien, le beau

Des oppositions pour distinguer les domaines d'application

  • animal/humain/divin

Ex : le langage existe chez l'homme et certains animaux, mais s'agit-il de la même chose ? Comment définir le langage humain par opposition au langage animal ?

  • individuel/collectif

Ex : l’histoire individuelle recourt à la biographie, avec par exemple une connaissance psychologique, alors que l’histoire collective concerne un savoir du passé des hommes qui s’appuie davantage sur la sociologie ou l’économie.

  • psychologique-sociologique/moral
  • scientifique/moral

Ex : le « modèle » en science est la formalisation, souvent sous forme mathématique, d’une explication, alors qu’il représente en morale un idéal à imiter...

  • fait/droit
  • légal/légitime
  • scientifique/métaphysique
  • pratique/théorique
  • etc.

Exercice 18

Exercice 18

Identifier les champs d’application d’une notion

  • Vous chercherez les domaines d’application des notions suivantes : la mémoire, le travail, la violence, le désir, les échanges, la connaissance, la conscience, la responsabilité…
  • À quels champs différents appartiennent ces notions : regret/remords ; erreur/faute/péché ; inconscient/inconscience ; légal/légitime ?

  • La mémoire peut être individuelle ou collective ; le travail peut être manuel ou intellectuel, économique ou psychologique (le travail sur soi) ; la violence peut être physique ou verbale, réelle ou symbolique ; le désir peut être biologique (animal), psychologique et social (homme) ; les échanges peuvent être langagiers, affectifs, sexuels, économiques ; la connaissance peut être théorique ou pratique, scientifique ou philosophique ; la conscience peut être psychologique ou morale ; la responsabilité peut être civile ou pénale, juridique ou morale...

  • Dans la nostalgie du passé, le regret est psychologique, le remords moral ; dans les maladresses humaines, l’erreur est de type logique ou scientifique, la faute d’ordre moral, le péché d’ordre religieux ; l’inconscient est une hypothèse psychologique, l’inconscience une légéreté morale ; parmi les notions concernant le droit, le légal est une réalité juridique, de l’ordre des faits, de ce qui est, le légitime est de l’ordre de l'éthique, de ce qui devrait être...

Corrigé

Rechercher l’unité sous la multiplication des sens

Ex : une idée commune à tous les sens du mot "loi"

  • notion d’ordre
  • « ce devant quoi on doit s’incliner » (qu’il s’agisse d’une nécessité naturelle, d’une obligation morale ou sociale, d’une convention.

Définir la notion par les attributs de son concept

En bref

Exercice 19

Théorie des "catégories", Aristote, Métaphysique

Définir en extension…

Un concept, depuis Aristote, se définit traditionnellement par l'ensemble des êtres auxquels il peut s'appliquer, s'étendre.

Ex : "Génie"

Définir en extension…

Définir en compréhension…

Un concept, depuis Aristote, se définit également par des caractéristiques propres.

Ex : "Homme"

… et compréhension…

En bref

Pour définir une notion, on peut donc chercher, à partir de la catégorie

dont elle fait partie, la ou les propriétés qui déterminent sa particularité,

qui constituent ce qu’elle est, son essence, qui permettent de préciser son

concept.

Ex :

  • la joie est une émotion, comme la tristesse, mais agréable ; une émotion agréable, comme le plaisir, mais plus intérieure.
  • D’un point de vue rationaliste, un préjugé est une affirmation sûre d’elle-même, tout comme une loi scientifique, mais non fondée rationnellement, enracinée dans l'affectivité ou le conformisme de la tradition (alors qu’une loi est expérimentalement vérifiée).
  • L’homme est un être mortel, comme le singe, mais qui sait, même non menacé, qu’il mourra un jour ; et ce n’est pas une petite différence dans la vie d’un individu que de savoir qu’à plus ou moins brève échéance il est condamné a mort (cf. par exemple les croyances religieuses).
  • L’homme possède aussi un langage, comme les abeilles ou les dauphins, mais d’une nature spéciale.

Exercice 19

Définir une notion par son genre spécifique

  • Afin de définir le langage humain, cherchez les caractéristiques qui le distinguent du langage animal.
  • Donnez en conclusion une définition du langage humain incluant le maximum d’éléments spécifiques.

Le langage humain

Corrigé

Chez les abeilles, par exemple, le langage est :

  • Gestuel : indication de la distance et de la direction par des danses (il s’agit d’un signal) ;
  • Inné : transmis par l’hérédité génétique (alors que les abeilles sont des animaux sociaux), et instinctif, limité à quelques situations-types, excluant l’adaptation et l’évolution (il s’agit d’un automatisme) ;
  • Informatif sans réciprocité, appelant à une conduite sans dialogue ;
  • Lié à la satisfaction des besoins vitaux (nourriture)

Au contraire, par opposition au langage animal, il est chez l'homme :

  • Vocal, d’où les combinaisons illimitées de sons ;
  • Appris : l’enfant sauvage ou le sourd congénital non éduqué ne parlent pas ; la langue est une institution sociale, évolutive, conventionnelle, distincte selon les milieux, les pays, le temps ; le mot est un signe
  • Interactif, base de la communication et de l’échange, moyen d’expression et de partage des désirs, sentiments, idées. Il y a dialogue ;
  • Support de la pensée ; l’homme pense parce qu’il parle : le langage le décolle du besoin par sa dimension symbolique.

Un exemple : Qu'est-ce que la sexualité humaine ?

Préciser la notion par la formulation du sens d’images qui l’illustrent

Définir une notion philosophique semble souvent difficile

  • parce que le mot qui la désigne (Ex. : l’art, la société, le pouvoir) apparait comme très général : on se heurte à une contradiction entre l’exigence de précision d’une définition et le trop grand degré de généralité de la notion ;

  • parce que le concept auquel elle renvoie est très abstrait (Ex. : l’existence ou L’essence, l’être ou le néant, l’absolu, etc.) : on ne sait alors à quoi se raccrocher de connu, de concret, pour décrire, analyser.

Associer des images à une notion…

Ex : "désir"

Associer des images à une notion…

… pour concrétiser son abstraction

"désir" :

Tension poussée attirance origine puissante, déstabilisante et trouble but visé plaisir escompté imagination rêve

= une "pulsion des profondeurs vers un objet qui comble"

Freud & Lacan : désir puisant dans l’inconscient et refoulé depuis l’enfance par la loi humaine

Exercice 20

Exercice 20

Concrétiser une notion en vue de la définir

  • Comment figureriez-vous la notion de violence ? Par quel(s) symbole(s) pourrait-on l’illustrer ? Imaginez des scènes typiques de violence individuelle et collective, publique et privée, physique et morale. Quels éléments communs essentiels en tirer pour une définition ?

Rechercher les symboles de la notion…

Ex : la "justice"...

... pèse rationnellement le pour et le contre, en soupesant la décision à prendre en connaissance de cause et avec objectivité, en proportionnant équitablement le poids de la sanction au degré de la faute, en conformité avec les lois en vigueur et son âme et conscience.

… qui en expriment une idée forte

… qui en expriment une idée forte

La mort

Le temps

L'amour

L'Etat

Exercice 21

Exercice 21

Chercher dans des images l’idée forte d’une notion

  • Pourquoi à votre avis P. Baudry et J. Lefebvre en peinture, Cavelier en sculpture, représentent-ils la vérité sans vêtement, et avec un miroir ? Pourquoi est-elle retirée du puits par Minerve (A. Coypel) ou de « l’abîme de l’obscurité » (J. Amman) ? Et pourquoi parle-t-on du XVIIIe siècle comme celui des « Lumières » ? Comment, à partir de ces images, définir la vérité ?

La métaphore « illustre » la notion

L’"étoffe" de notre conscience...

Pour la conscience pure, les secondes d’une minute ne se juxtaposent pas dans un temps objectif, mais « s’organisent comme les notes d’une mélodie », se fondent les unes dans les autres comme une « phrase musicale »

(Bergson, Essai sur les données immédiates de la conscience)

« Tout se passe comme si un large courant de conscience avait pénétré la matière... [Mais] d’une part la conscience a dû s’assoupir, comme la chrysalide dans l’enveloppe où elle prépare ses ailes... elle s’est trouvée à tel point comprimée par son enveloppe qu’elle a dû rétrécir l’intuition en instinct. » Mais « la vie, c’est-à-dire la conscience lancée à travers la matière s’est d’autre part déterminée en intelligence... » (Bergson, L'évolution créatrice)

La métaphore « illustre » la notion

« L'homme est une corde au-dessus d’un abîme. Danger de le franchir, danger de rester en route. Il est un pont, et non un but... une flèche du désir tendu vers l’autre rive, un éclair jailli du sombre nuage... il doit briser les tables des valeurs... être le maître de son désert... que tout corps devienne léger, tout esprit oiseau ». C’est la « couronne du rieur », du chanteur, du danseur, « celui qui agite ses ailes », et « passe comme un ouragan sur toute la populace » courbée...

(Nietzsche, Le Gai savoir)

Mais l’image n’est qu’une approche parfois confuse du concept

"C'est proprement vivre les yeux fermés que de vivre sans philosopher."

(Descartes)

≠ voir avec les yeux du corps

= voir avec les yeux de l'âme

Toute analogie a des limites

C'est une ressemblance

elle signifie, prête à interprétation

permet une approche du concept

Monnet, Barque marmottant

Redéfinir une notion après mise en question de sa représentation initiale

Redéfinir une notion après mise en question de sa représentation initiale

La conceptualisation comme processus de pensée

notion

concept

préjugé

construction intelletuelle

Ex : "liberté"

= "faire ce qu'il me plait"

(préjugé)

La conceptualisation problématisée

opinion

représentation initiale

doute

"faire ce qu'il me plait" ?

Ex : "liberté"

= "faire ce qu'il me plait"

(préjugé)

Expliciter et critiquer les présupposés de sa définition…

"La liberté c'est faire ce qui me plait" présuppose que :

  • la liberté est une action (être libre c’est faire) ;
  • cette action vise le plaisir.

Mais peut-on réduire la liberté à une action ?

Ne présuppose-t-elle pas un choix préalable, celui qui oriente mes décisions ?

J’exerce ma liberté quand je suis confronté à un choix, par exemple aller au cinéma ou faire un match de tennis.

Et ce choix prend-il, doit-il toujours prendre parti pour le plaisir ? Ce pourrait être celui, plus réfléchi, de l’intérêt, de l’effort ou du devoir (par exemple finir ma dissertation de philosophie au lieu de regarder une émission de téléréalité).

La liberté serait alors, davantage qu’une action agréable, une délibération rationnelle en vue d’un choix finalisé par des valeurs, l’apprentissage de décisions raisonnées.

… et travailler sur ses conséquences…

Épicure, Lettre à Menécée

… et travailler sur ses conséquences…

Faire ce qui me plait, est-ce bien l’expression d’une liberté, ou l’esclavage possible de mes impulsions et de mes passions ?

Ex. : la crise de foie après l’enivrement de l’alcool,

l’accident après la griserie de la vitesse,

les dettes aprés I’ attrait du jeu...

Peut-on penser l’exercice de la liberté d’un homme en tant qu’homme uniquement à partir du désir et du plaisir, et sans la référence à la volonté et à la raison ?

Aristote et Épicure : le plaisir non modéré par la sagesse nous amène à des

excès, et cette démesure peut causer notre perte (= le juste milieu).

Il faudrait donc au minimum compléter la formule : « Faire ce qui me plaît sans me nuire à moi-même »

Bentham : un calcul, une « arithmétique des plaisirs », on pourrait dire aujourd’hui une « écologie du désir ».

Bentham

… afin de redéfinir rationnellement la notion

« être libre, c’est vivre sans contrainte »

on oublie ces contraintes que l’on doit se donner à soi-même, ne serait-ce que pour pouvoir profiter

Ex : le plaisir de gagner suppose par exemple l’effort, et souvent la douleur, de s’entraîner

Difficile donc d’éliminer dans la liberté la notion de maîtrise, qui implique une « conduite selon la raison », l’idée que l’on doit « se donner a soi-même une loi » (c’est l’étymologie du mot « autonomie »), c’est-à-dire celle d’une volonté, et pas seulement d’un désir.

… afin de redéfinir rationnellement la notion

Exemple : Qu'est-ce que la liberté ?

« faire ce qui me plaît » = définition individuelle et individualiste de la liberté.

→ c’est la loi du plus fort, du plus riche, ou du plus rusé ; c’est l’écrasement du plus faible, physiquement, économiquement, intellectuellement.

la liberté du renard de manger la poule, du supermarché de faire disparaître le petit commerçant, du colonisateur d’exploiter l’indigène, du dictateur de tyranniser ses sujets...

La liberté de chacun et de tous d’agir selon son bon plaisir serait donc en fait la liberté de quelques-uns et l’esclavage du plus grand nombre.

Exemple : Qu'est-ce que la liberté ?

D’où au minimum l’idée de « faire ce qui plaît sans nuire à autrui », car le respect que l’autre me porte, c’est-à-dire les limites qu’il se donne, sont la condition de ma liberté, et inversement.

Il a malheureusement fallu une loi pour protéger les poumons des non-fumeurs contre le « plaisir » des fumeurs. Il y a donc des contraintes positives, par exemple les règles que l’on se donne en commun dans un fonctionnement démocratique.

Exercice 22

Analyser les présupposés et conséquences d’une définition

  • Explicitez et critiquez les implications de ces deux « définitions » fort répandues, afin d’en proposer de nouvelles :

1. « Le Beau, c’est ce qui me plaît ».

2. L’art abstrait peut se définir par une œuvre « qui ne veut rien dire et coûte trop cher pour ce qu’elle est ».

Exercice 22

« Le Beau, c’est ce qui me plaît »

  • Il n’y a pas que le Beau qui me plaît : il y a par exemple le chocolat, les sorties avec les amis, le tennis, etc. La définition est trop large. Qu’est ce qui me plaît spécifiquement quand c’est beau ? On pourra dire que c’est un plaisir « esthétique ». Mais en quoi précisément est-il esthétique, et non par exemple sexuel, ou purement sensuel, ou pas simplement affectif ?

  • Par ailleurs, cela peut me plaire à moi, mais pas à d’autres. En disant, « Le Beau, c’est ce qui me plaît », est-ce que j’ai défini le Beau « en soi », ou le beau « pour moi » ? Je peux par exemple trouver « beau » quelque chose de laid si par exemple j’ai « mauvais goût », et manque de sensibilité esthétique, ou de culture artistique. Le Beau n’est donc pas l’agréable. Doit être Beau ce qui peut être reconnu tel par d’autres, sinon qui me dit que j’ai raison, et que le Beau se réduit à mon « goût » ? Mais l’œuvre d’art, pour prendre le genre de la beauté artistique, scandalise souvent la majorité d’une époque, et ne fait pas consensus. Inversement, ce qui est considéré comme chef-d’œuvre à un moment peut ensuite pâlir. Le Beau n’est-il donc pas « ce qui est reconnu comme tel par le temps et traverse le temps » ? Mais qu’y a-t-il donc dans le Beau qui lui donne cette dimension universelle ?

Corrigé "Le Beau c'est ce qui me plaît"

Corrigé L'art abstrait

« L’art abstrait est une œuvre qui ne veut rien dire et coûte trop cher pour ce qu'elle est »

  • Le premier présupposé est qu’une œuvre doit vouloir dire quelque chose, avoir du sens, être un langage par lequel un artiste s’exprime, et donc peut être compris.
  • Le deuxième que l’art abstrait n’a pas de sens, et donc n’est pas ce langage qui permet de communiquer avec l’artiste. Peut-être y a-t-il aussi cette idée que ne voulant rien dire, il n’est pas vraiment de l’art, il usurpe ce nom.
  • Il y a certainement sous-jacente à ces jugements une certaine opinion du rapport de l’œuvre d’art a la réalité. L’art devrait avoir une certaine relation au réel perceptible, une fonction de représentation. Et c’est cette référence a la réalité qui permettrait la communication avec l’artiste, sur fond de « reconnaissance ». Or l’art abstrait, par son parti pris de non-figuration, ne « représente » plus, et supprime les repères familiers : il n’y a plus que des formes et des couleurs.
  • On conclut aussi du fait que l’œuvre ne « me » dit rien qu’elle ne veut rien dire en soi. Mon incompréhension devient le critère de son absence intrinsèque de sens. Pourtant, un message peut être envoyé sans être reçu. Ce n’est pas parce que je ne comprends pas le chinois qu’il ne signifie rien : simplement je n’ai pas le code. L’art abstrait pourrait être un langage dont je ne saisis pas le sens. Auquel cas, il faudrait m’y initier, au lieu de faire de l’artiste le bouc émissaire de mon inculture. On pourrait par exemple définir la peinture abstraite comme « le langage non-figuratif de l’esthétique des couleurs et des formes », c’est-a-dire jouant sur l’espace et le matériau pictural indépendamment de toute représentation réaliste.
  • Le troisième présupposé est que l’art abstrait a une valeur monétaire d’autant plus incompréhensible qu’il ne signifie rien. Ce qui implique que la valeur esthétique d’un tableau est liée à sa fonction de représentation de la réalité d’une part et que d’autre part, il doit y avoir un rapport entre sa valeur esthétique et sa valeur monétaire.

Sur le premier point, on peut s’interroger pour savoir si la beauté d’un tableau dépend de sa capacité à représenter quelque chose. Autant avoir un bon appareil photographique. Ce qui compte à ce niveau, ce n’est pas la représentation d’une chose belle, car on peut avoir des peintures de couchers de soleil qui sont des croûtes, mais la « belle représentation d’une chose » comme dit Kant (car on peut avoir un beau tableau d’une paire de godillots sales chez Van Gogh...). Mais est-il nécessaire que le tableau « représente » pour être beau ? Picasso et le cubisme ont « déformé les corps », le surréalisme peint l’imaginaire, les peintres abstraits jouent avec les formes et les couleurs…

Le deuxième point exprime le sentiment populaire qu’il devrait y avoir une « justice » entre l’unité de mesure d’achat des biens et ce que l’on considère comme une valeur fondamentale : la Beauté (on ajoute d’ailleurs souvent le travail, car on a l’impression que la peinture abstraite n’a pas demandé beaucoup d’effort et « qu’on pourrait en faire autant »). Mais il y a la confusion de deux ordres de valeur : la valeur esthétique d’une œuvre, répondant aux critères de la beauté, et qui en tant que telle n’a pas de prix, parce que la finalité de la beauté n’est pas de se vendre mais de permettre une expression artistique du peintre et une contemplation esthétique du spectateur ; et la valeur monétaire d’une œuvre sur le marché de l’art, qui comme toute marchandise obéit strictement à la confrontation entre l’ offre (qui est rare puisque les œuvres sont uniques) et l’intensité de la demande d’acheteurs potentiels. Il n’y a donc aucun rapport logique entre ces deux types de valeur.

De ce fait, en tant qu’élément extrinsèque et périphérique au problème de la beauté, le coût d’une œuvre d’art ne doit pas intervenir comme attribut dans la conceptualisation de sa notion ; contrairement à la définition proposée.

En bref

Apprendre à philosopher, c’est apprendre à conceptualiser

- Conceptualiser est un objectif philosophique : construire, faire émerger le sens de notions fondamentales (ex. le désir, le travail, la mort...)

- Conceptualiser est un outil de la pensée philosophique : pour problématiser par exemple, il faut clarifier la signification des mots qui donnent sens à un problème (ex. Peut-on être « heureux » sans « confort »?)

Pour conceptualiser, plusieurs méthodes à conjuguer

  • Réfléchir sur le langage, en partant des mots exprimant la notion.

- S’appuyer sur l’étymologie (Philo-sophia = amour du savoir).

- Circonscrire le sens à partir de mots voisins ou opposés (sagesse/déraison).

- Distinguer différents sens de la notion (conduire avec ordre ses pensées = se conduire avec sagesse) et chercher l’unité de ses significations (attitude rationnelle).

  • Identifier les champs d’application de la notion de réel, par lequel son concept essaye, comme outil intellectuel, de fournir une compréhension du monde (ex. domaines artistique, scientifique, moral, métaphysique…).
  • Et chercher les sens de la notion selon ces différents champs (ex. loi scientifique = loi morale), puis son unité de signification sous cette multiplicité (loi = idée d’ordre).
  • Définir le concept de la notion par ses attributs, ses caractéristiques spécifiques par rapport à d’autres concepts d’extension proche (ex. la raison comme attribut et différence spécifique du concept « homme » par rapport au genre « animal »). Ce sont des attributs qui permettent la compréhension du sens d’un concept.
  • S’appuyer sur des supports concrets (images, métaphores, symboles, allégories) pour saisir le sens d’une notion, et formuler abstraitement celui-ci (ex. justice = balance = penser le pour et le contre = décider équitablement).
  • Et surtout problématiser, mettre en question la définition initiale d’une notion pour analyser critiquement ses présupposés et conséquences, afin de la redéfinir plus adéquatement.

Penser par soi-même, Michel Tozzi, Chronique Sociale

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