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Le scepticisme représente un moment important de l'évolution de Montaigne. La devise qu'il fait graver sur une médaille en 1576 « Que-sais-je ? » signifie la volonté de rester en doute pour rechercher la vérité. La balance dont les plateaux sont en équilibre manifeste la difficulté de juger. Ce qui ne veut pas dire que nous n’y arrivions jamais.
Relativisme : doctrine selon laquelle le sens et la valeur des thèses et des comportements humains n’ont pas de fondement absolu et transcendant. Rien n’est nécessaire et tout est relatif au sujet et à ses circonstances.
Le sophiste Protagoras est resté célèbre pour son agnosticisme assumé et le relativisme qui s’ensuit : « L'homme est la mesure de toute chose ». C’est cette doctrine, attribuée à Protagoras, que Platon réfute dans le Théétète (152a-183b).
Pour Montaigne, les « vérités » ne sont pas relatives à chacun absolument : car il existe des vérités communes qui peuvent être partagées par tous les hommes. Ce qui suppose une objectivité de la connaissance humaine qui touche le nécessaire et l’universel.
« La vérité et la raison appartiennent à tout le monde » .
C’est l’universalité de la possession de la faculté rationnelle qui pousse Montaigne affirmer que nous pouvons, par notre propre raison, redécouvrir les analyses anciennes et les reformuler pour notre époque. Tous les hommes sont ainsi capables d’énoncer des vérités et celles-ci n’appartiennent à personne en particulier : elles sont un patrimoine commun. Une vérité formulée par Platon devient la mienne dés que je la vois par moi-même.
Montaigne illustre son propos par une métaphore : de même que les abeilles forment leur miel à partir de fleurs différentes, de même l’élève doit former son jugement à partir d’opinions différentes.
Les thèses de l'historicisme posent que pour comprendre correctement une doctrine du passé,
il est nécessaire que celle-ci soit replacée dans son contexte historique et culturel. Cette mise en situation d’un texte est raisonnable. Mais l’historicisme va plus loin : la vérité d'une philosophie dépend nécessairement de son adéquation à une période déterminée et à une tâche déterminée dans l'histoire. Ainsi on nie au moins implicitement la validité pérenne du vrai.
L'historiciste soutient que ce qui était vrai à une époque peut ne plus l'être à une autre. En somme, il considère l'histoire de la pensée comme pas grand-chose de plus que des vestiges archéologiques auxquels on fait appel pour exposer des positions du passé désormais en grande partie révolues et sans portée pour le présent.
A l'inverse, la thèse réaliste soutient que, même si les formulations sont dans une certaine mesure liée à l'époque et à la culture, la vérité ou l'erreur qu'exprimaient ces dernières peuvent en tout cas être reconnues et examinées comme telles, malgré la distance spatio-temporelle. Selon Montaigne ici, la vérité ne se réduit assurément pas au récit d'événements purement historiques ou à la révélation de faits neutres, comme le voudrait le positivisme historiciste. Au contraire, les textes du passé exposent des événements dont la vérité se situe au-delà du simple fait historique : je peux rejoindre par ma propre démarche les analyses de Platon, d'Aristote, des Stoïciens, etc.
la question de l’universalité nous pousse à nous interroger sur le rapport qui existe entre le fait et sa signification.
Apparemment, sinon jamais on ne pourrait retrouver par sa propre démarche des énoncés déjà formulés puisqu’ils seraient complètement relatifs à chacun. Le fait, incontestable, que nous puissions retrouver par nous-mêmes, 2500 ans environ après eux, certains énoncés en les jugeant objectifs est bien l’indice qu’ils présentent une certaine universalité, toujours et partout. Ce qui serait également l’indice de la validité du processus inductif qui engendre le passage du singulier à l’universel.
Non, car aucun auteur ne peut breveter une idée selon Montaigne. Si bien que l’idée de droits exclusifs accordés sur des créations intellectuelles n’a pas de sens pour Montaigne. Nul n’est propriétaire d’idées, car si on redécouvre celles-ci « au terme de sa propre démarche, ce ne seront plus alors » exclusivement celles de celui qui « les a exprimées la première fois » mais bien les nôtres.
Pas de "privatisation" des idées.
Non, car le but est de former l’élève à se forger librement « quelque chose qui soit vraiment à lui : son jugement ». Que les analyses de ces auteurs, sans doute effectivement instructives, ne soit cependant pas des « dogmes », ici des vérités absolues incontestables. Ici, les dogmes, terme d’origine stoïcienne (dogma : la maîtrise du jugement. Cf : Epictète), ne signifient pas les vérités de foi religieuse, mais des affirmations gratuites sans preuves objectives. Le but est que l’élève choisisse une voie de recherche qui soit vraiment la sienne, sans relativisme pour autant.
Ces auteurs sont des tuteurs et non des idoles.
Non, car le réalisme d’Aristote reconnaît comme suprême autorité le réel objectif. Or, Borro s’abandonne dans un psittacisme (répéter comme un perroquet) stérile : il ne semble pas voir les arguments mais ne fait que ressasser (radoter) les conclusions des raisonnements d’Aristote : il est en cela en contradiction avec l’intention et l’esprit de la philosophie d’Aristote. Ce n’est pas celui qui dit qui est… ou l’habit ne fait pas le moine. Monter ainsi la garde autour de ses positions en refusant toute réévaluation en fonction du réalisme est étranger à la philosophie d’Aristote. Bien que s’inspirant des thèses aristotéliciennes, les scolastiques, dont Borro fait partie, s’éloignent de la philosophie réaliste. Borro néglige la vérification sensible contrairement à l'intention d'Aristote pour lequel l'auorité suprême reste le réel objectif. TOUTES LES THESES QUE PRESENTENT ARISTOTE N'ONT PAS LE MÊME VALEUR : DEGRES DE NECESSITE.
Non, il enseigne une croyance appuyée sur l’autorité, la renommée : le savoir ou science s’appuie sur des arguments objectifs et non le texte d’un auteur, fut-il réputé ou prestigieux. « Qui suit seulement l’autre ne sait rien, en fait : il ne trouve rien, et même, ne cherche rien… »
Car selon Montaigne, en cela finalement plus fidèle à Aristote que le scolastique Borro, la science résulte d’une expérimentation personnelle (inductive), « sa propre démarche », aidée il est vrai par des auteurs dont les opinions sont reconnues comme dignes d’étude. « Qu’on lui présente cette diversité d’opinions ». Le but n’est pas de répéter les mots de ces auteurs mais de s'aider de leurs analyses pour se former « son jugement ».
J’ai vu personnellement, à Pise, un homme honorable mais tellement aristotélicien, que son credo fondamental était celui-ci : la pierre de touche et la règle de toutes les pensées solides et de toute vérité est leur conformité avec la doctrine d’Aristote. Il a tout vu et tout dit, et hors de cela, ce ne sont que chimères et inanité . (…)
[Montaigne :]Qu’il (le professeur) lui (l’élève) fasse tout passer par l’étamine , et ne lui inculque rien par sa simple autorité ou en exploitant sa confiance. Que les principes d’Aristote, non plus que ceux des sages Stoïciens ou des Epicuriens ne soient pour lui des dogmes, mais qu’on lui présente cette diversité d’opinions : il choisira, s’il le peut, sinon il demeurera dans le doute. (…)
Car s’il (l’élève) adopte les opinions de Xénophon et de Platon au terme de sa propre démarche, ce ne seront plus alors leurs opinions, mais bien les siennes. Qui suit seulement l’autre ne sait rien, en fait : il ne trouve rien, et même, ne cherche rien. (…)
La vérité et la raison appartiennent à tout le monde, et pas plus à celui qui les a exprimées la première fois qu’à celui qui les répète ensuite. Et telle chose n’est pas plus selon Platon que selon moi, dès l’instant où nous la voyons et la comprenons de la même façon. Les abeilles butinent les fleurs de-ci, de-là, mais ensuite elles en font du miel, qui est vraiment le leur : ce n’est plus ni du thym ni de la marjolaine. Ainsi il (l’élève) transformera et mélangera les éléments empruntés à autrui pour en faire quelque chose qui soit vraiment de lui : son jugement.
La seule autorité acceptée par cet « homme honorable » était le texte d’Aristote. Et pour être plus précis encore : les mots et les formules d'Aristote.
Borro néglige la vérification expérimentale de l'enseignement d'Aristote.