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Centre International de Solidarité Ouvrière
La notion d'esclavage moderne est utilisée dans des situations où un individu est privé de son autonomie et de sa capacité d'autodétermination mentale, physique, économique et / ou sociale, jusqu'à sa réduction en état de dépendance afin de l'exploiter ou d'exploiter son travail, ses compétences, ses savoir-faire, etc. (Belaidi, 2016)
Plus de 40,3 millions de personnes étaient victimes de l'esclavage moderne, ce signifie qu’il y a 5,4 victimes d'esclavage moderne sur mille personnes dans le monde.
1 victime sur 4 d’esclavage moderne est un enfant
Sur les 24,9 millions de personnes réduites au travail forcé, 16 millions sont exploitées dans le secteur privé, comme le travail domestique, la construction ou l’agriculture; 4,8 millions sont victimes d’exploitation sexuelle, et 4 millions sont astreintes à des travaux forcés imposés par les autorités publiques.
Les femmes et les filles sont disproportionnellement touchées par le travail forcé; elles représentent 99% des victimes dans l’industrie du sexe, et 58% dans d’autres secteurs.
Forme contemporaine d'esclavage, le concept de travail forcé renvoie à des situations où une personne, une entreprise ou un État prive une autre personne de sa liberté de contrôler son corps et / ou de refuser certains travaux ou la prive de son droit de cesser de travailler. (OIT,2017)
- Esclavage ou servitude pour dettes découlant de la naissance/ ascendance;
- Contrainte physique ou psychologique ou enlèvement;
- Traite des personnes ;
- Enfermement sur le lieu du travail ;
- Endettement du travailleur/euse par falsification des comptes, sous-estimation de la valeur de biens et services, intérêts excessifs ;
- Tromperies ou fausses informations par rapport aux conditions de travail ;
- Rétention du salaire;
- Confiscation des documents (passeports), déportation ou perte d’accès à la citoyenneté.
La Convention (no 29) sur le travail forcé (1930) définit le travail forcé: « tout travail ou service exigé d'un individu sous la menace d'une peine quelconque et pour lequel l'individu ne s'est pas offert de plein gré ». La Convention « s'engage à supprimer l'emploi du travail forcé ou obligatoire sous toutes ses formes ». Elle trace aussi les balises à respecter pendant la période transitoire au cours de laquelle le travail forcé pourra être employé « uniquement pour des fins publiques et à titre exceptionnel dans les conditions et avec les garanties stipulées par les articles qui suivent ».
La Convention (no 105) sur l’abolition du travail forcé (1957) s’inscrit en continuité d’autres conventions traitant de l’abolition de l’esclavage, de la traite des esclaves et de la convention sur la protection du salaire. Elle demande aux États de « s’engager à supprimer le travail forcé ou obligatoire et à n’y recourir sous aucune forme » notamment le recours à des « mesures de coercition » envers les personnes qui expriment des opinions politiques ou leur opposition idéologique et participent à des grèves. Elle interdit le recours au travail forcé comme mesure de discipline du travail et/ou comme mesure de discrimination raciale, sociale, nationale ou religieuse.
Le Protocole (Po 29) relatif à la Convention sur le travail forcé (2014) réfère dans son préambule à l’ensemble des conventions définissant les normes internationales du travail ainsi qu’aux instruments internationaux notamment les Pactes et les Conventions traitant spécifiquement de l’esclavage, de la traite des personnes, des droits des femmes et des personnes handicapées. Elle réaffirme la définition du travail forcé, son interdiction et stipule que les mesures définies dans le Protocole doivent « inclure une action spécifique contre la traite des personnes à des fins de travail forcé ou obligatoire ».
Auncun pays n'est à l'abri de l'esclavage moderne. Actuellement, les politiques migratoires restrictives augmentent la vulnérabilité des travailleuses et des travailleurs migrants et les exposent aux passeurs et aux fraudeurs en, conséquement, au travail forcé.
Pendant deux ans, le journaliste Jean-Baptiste Malet a mené une enquête mondiale sur l'Empire de l'or rouge. Cette enquête dévoile les réalités des travailleuses et travailleurs dans l'ensemble des chaînes approvisionnement des tomates d'industries, relevant des conséquence du capitalisme mondialisé. (Malet, 2017)
En Chine, des enfants travaillent dans les champs afin de participer à la récolte des tomates destinées à des entreprises multinationales étrangères. Ces enfants sont recrutés par des prestataires de service en main d'oeuvre pour ensuite aller vivre dans des camps de travail. Ils travaillent avec des produits toxiques, et ce sans protection. (Malet, 2017)
Appropriation illégale du marché du travail par des caporaux, les propriétaires d'un moyen de transport qui embauchent principalement des travailleuses et travailleurs migrant.e.s, souvent sans papiers. Les migrantes et les migrants ne sont pas libres de leurs choix ni de leurs mouvements. Leur situation les poussent à s'appauvrir pour assurer leur survie au sein de ce système d'exploitation impitoyable, dans lequel ils gagnent des salaires de misère, sans aucune protection sociale. Des travailleuses et des travailleurs agricoles sont mort.e.s d'épuisement dans des champs. Des syndicalistes ont été assassiné.e.s. Des procès pour traite humaine ont eu lieu. Mais les grands industriels de la conserve et la grande distribution européennes n'ont pas démontré une réelle préoccupation. (Malet, 2017)
En 2014 The Guardian publie une enquête intitulée Supermarket Slave Trail. Menée pendant six mois, elle lève le voile sur l’esclavage dans l’industrie de la langoustine et de la crevette et retrace la complexité de la chaîne d’approvisionnement, du bateau au super marché.
La Thaïlande est le plus grand exportateur de crevettes au monde :
· Une industrie qui repose essentiellement sur le travail migrant, particulièrement birman ou cambodgien;
· Une main-d’œuvre vendue à des propriétaires de « chalutiers-bœufs de pêche hauturière » par des « brokers », forcée de travailler 20 heures par jour, nourrie d’une seule assiette de riz par jour et soumise aux violences de leurs capitaines;
· Une main-d’œuvre captive car les bateaux ne se mettent pas à quai;
· Les produits de son travail se retrouvent notamment dans les chaînes comme Tesco, Cotsco, Wal-mart, Carrefour.
En 2015-2016 une enquête menée par Associated Press, Seafood from slaves, lève le voile à son tour, sur l'ampleur de l'esclavage moderne dans l'industrie de la pêche. Gagnante du prix Pulitzer pour Service public, cette enquête permet de retracer la provenance des produits issus du travail forcé qui se retrouvent dans nos supermarchés.
Si, en principe, les grandes compagnies respectent les lois du travail et les conventions de l’OIT en ce qui concerne le travail des enfants et l’âge minimal pour travailler, ce n'est pas le cas des petits producteurs.
« Les légumes sont mieux traités que nous »
- Un journalier agricole du Mexique
La majorité des travailleuses et travailleurs sont des journaliers (jornaleros), venant principalement des communautés autochtones des États de Oaxaca et de Guerrero;
Ces migrant.e.s voyagent d’un État à l’autre, selon les périodes de récolte;
Leur salaire varie entre 7.00$ et 9.00$/jour ou selon le nombre de légumes ou de fruits récoltés;
Dans certaines régions les travailleuses et les travailleurs vivent souvent dans les champs, dans des conditions insalubres, comme des prisonniers :
Ces personnes travaillent avec des produits chimiques, sans aucune protection;
Le propriétaire du champ fixe le prix de la nourriture qu’elles sont forcées d’acheter à des prix exorbitants;
On leur enlève leurs papiers d'identité, et ce, jusqu’à la fin de leur contrat souvent sans recevoir de salaire pendant 3 mois;
Des familles entières travaillent dans les champs, certaines depuis des générations, avec les enfants car il n'y a pas de garderies...
Une enquête menée par le Conseil citoyen pour les droits humains de Navolato dans l’État de Sinaloa a révélé la présence d’enfants travaillant dans les entreprises agricoles et ce, en contravention avec les engagements de ce pays à l’égard de l’éradication du travail des enfants. Ces enfants sont des otages dans ces fermes alors qu’on recense des indices de la traite de personnes mineures à des fins sexuelles.
En 2001, la lucrative industrie du chocolat s'engageait, sous la pression des ONG, à faire disparaître le travail des enfants dans les plantations où elle se fournit en cacao particulièrement en Côte d'Ivoire, et ce, avant 2006. Dix-huit ans plus tard, cette promesse est rompue.
Trois pays de l’Afrique de l’Ouest (Côte d’Ivoire 44%, Ghana 19% et Cameroun 5%) produisent 68 % du cacao de la planète;
La Côte d’Ivoire est le premier producteur mondial de cacao;
Les plantations sont de petites parcelles de terrain contrôlées par des particuliers;
On évalue à environ 2 millions le nombre de petits producteurs dépendant de la culture du cacao en Afrique de l'Ouest;
Dans ce pays, le travail des enfants est officiellement interdit et sévèrement réprimé jusqu’à 6 mois de prison.
Le tiers des travailleuses et travailleurs sont des enfants, des esclaves vendus à des producteurs. Leur provenance : Burkina Faso, Niger, Nigéria, Mali, Togo et Bénin;
Ils seraient entre 300 000 et un million à travailler dans les plantations généralement entre 12 et 14 ans;
La rémunération de ces enfants : leur travail contre nourriture. Plus âgés, ils sont payés en nature : ils peuvent obtenir une petite parcelle de plantation leur permettant de gagner un peu d'argent;
Dans ces plantations, les enfants et les adultes utilisent un pesticide extrêmement dangereux, agressif contre la forêt et cancérigène : du glyphosate fabriqué en Chine.
Le plus grand exportateur de cacao est la multinationale CARGILL qui revend aux géants de l’agroalimentaire notamment Hershey's, Nestley et Mars. Ces industriels vendent 100 milliards d'euros (150 milliards $) de chocolat par année, alors que le cultivateur gagne 1 euro par jour, soit 3 fois moins que dans les années 80.
En 2001, l’Association des manufacturiers du cacao s’était engagée à respecter la convention 182 sur le travail des enfants notamment à travers la Fondation mondiale du cacao. Apparemment cet engagement est resté lettre morte.
40% du cacao est produit à l'extrême ouest de la Côte d’Ivoire;
Dans cette région, théoriquement, la forêt devrait être protégée par les autorités ivoiriennes à travers le service des eaux et des forêts. Ce n’est pas le cas;
Depuis 25 ans, près de 90% de la forêt ivoirienne a disparu avec toutes les conséquences sur le climat pour la région.
Le CISO propose plusieurs actions pour contribuer à l'amélioration des conditions de travail des travailleuses et travailleurs du monde
Considérant la situation alarmante du travail forcé et du travail des enfants dans ces secteurs agroalimentaires, nous souhaitons savoir quelles mesures les principaux distributeurs alimentaires au Québec (Loblaw, Metro, Sobeys, Costco et Wal-Mart) prennent pour assurer le respect des droits des travailleuses et travailleurs dans ses chaînes d'approvisionnement mondiales pour les produits présentés (tomate, crevette, fruits et cacao).
L'objectif de ce dialogue est de s'assurer que les politiques et engagements adoptés par ces entreprise soient fondées sur des actions concrètes et ne constituent pas une façade de responsabilité sociale.
Un lettre personnalisée sera donc envoyée à ces distributeurs alimentaires, dans laquelle nous leur demandons de nous rendre compte de leurs démarches.
Ces lettre seront signées par différents groupes ciblés pour maximiser la pression exercée et augmenter la portée du message.
Nous vous invitons à contribuer aux moyens de pression avec une lettre individuelle.
Le CISO, ayant une mission d'éducation, a élaboré plusieurs supports pour diffuser le contenu de la campagne :
Coordination :
Amélie Nguyen
Recherche et rédaction :
Nicole de Sève
Hugo Romero
Alexandre Darveau-Morin
Révision :
Marie Paradis
Communication et conception graphique :
Marie-Ève Caron
ciso@ciso.qc.ca
@cqcam.ciso
www.ciso.qc.ca
@CISO_Qc
À venir...