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  • La participation aux différentes étapes de la recherche a déjà permis de tirer quelques enseignements et un début d'apatation des ateliers
  • L'outil des parcours s'avère utile également en atelier pour aider les femmes à partager leurs expériences
  • L'analyse des parcours et des obstacles permettra au Centre de faire un pas de plus dans la production des outils et le contenu des ateliers

A) Mise en contexte :

Un phénomène migratoire important

Au Canada, 1 personne sur 5 est née à l'étranger : cette proportion de la population est supérieure à celle des États-Unis et de tous les pays d'Europe.

Le Québec a accueilli 441 000 immigrant.e.s au cours des dix dernières années (MIDI, 2014).

30,7 % de la population montréalaise est née en dehors du Canada, avec des pays de naissance très diversifiés (MIDI, 2016) :

- 31,7% provenaient de pays d’Afrique,

- 30,4 % d’Asie,

- 21,7% du continent américain

- 16% d’Europe

Peu de connaissances sur les réalités des femmes immigrantes, concernant l'accès aux ressources de santé reproductive

B) Premiers résultats :

Méthodologie de recherche

Leviers d'une autonomie au plan reproductif

Des études réalisées en Europe et aux États-Unis montrent qu'on observe, pour les femmes immigrantes :

  • des services prénataux inadéquats (compilation de 29 recherches par Heaman et coll., 2013) ;

  • des problèmes de communication, en raison de barrières linguistiques et de différences culturelles (Degni et coll., 2012 ; Betancourt et coll., 2013 ; Alvarez-Nieto et coll., 2015) ;

  • des préjugés et de la discrimination qui nuisent à l'accès aux ressources de santé et à la qualité des interventions (Gonzales et coll., 2010)

  • des situations de précarité et de pauvreté, qui font obstacle à l'accès aux ressources de santé reproductive (Betancourt et coll. (2013)

  • Entrevues de recherche qualitatives invitant les femmes à parler de "leur histoire avec la planification familiale"

  • 11 entrevues de recherche réalisées :

- 2 femmes nées dans des pays du continent africain

- 4 femmes nées dans des pays d'Europe

- 4 femmes nées dans des pays des Amériques

- 2 femmes nées des pays du continent asiatique

Femmes immigrantes et autonomie reproductive

  • Légalité des services

  • Dialogue avec le partenaire

  • Autonomie au plan matériel

Questions de recherche :

Pertinence pour le CSFM :

Le parcours de Mme H. :

entre influence et appui familial, normes sociales et choix de vie

La famille, entre influence et soutien

Des intersections entre de multiples dimensions, dans les parcours des femmes rencontrées

Ce projet a été conçu et développé en partenariat avec le Centre de santé des femmes de Montréal

  • Développer des ateliers et des outils en santé sexuelle et sur le système de santé adpatés aux femmes immigrantes
  • Aucune littérature, contrairement à la DI
  • Idée de faire une recherche pour pallier ce manque de connaissance et atteindre notre objectif

  • Quel accès à la santé reproductive, pour les néo-Montréalaises ?

  • Qu'est-ce qui favorise ou fait obstacle à leur autonomie, au plan reproductif ?

  • Comment ces connaissances peuvent-elles informer les pratiques des intervenant.e.s sociaux et de santé ?

La religion / tradition,

entre contrainte et mise à distance

Quels obstacles et quels leviers pour les néo-Montréalaises ?

Femme de 29 ans née en Haïti, de religion catholique.

Elle est arrivée à Montréal en 2010, en tant qu'étudiante, pour les opportunités d'études et pour être plus en sécurité.

Elle témoigne du rôle important que ses parents ont joué, concernant ses choix, en particulier quand elle était mineure (avortement à l'âge de 17 ans en Haïti).

Mieux comprendre les inter-relations entre :

a) la migration,

b) les conditions de vie et la place sociale,

c) les ressources de santé reproductive (au Québec et dans le pays d'origine),

d) les relations avec les partenaires et l'entourage,

e) et les stratégies des femmes en vue de leur autonomie reproductive

  • Des normes sociales prégnantes :

"Chez nous, notre culture et la religion, je peux pas avoir des enfants comme ça hors mariage. (...) Pour mes parents ça va être un choc et puis ça va me créer un conflit entre mes parents et moi. (...) Si je pouvais le faire et que la religion me le permettait, moi je m’en foutais des autres, je peux faire un enfant et puis le garder pour moi, c’est mon enfant."

  • Mais aussi une prise de position à partir du regard qu'elle pose sur sa situation, et d'une recherche de bien-être :

"Le choix est clair parce que je suis avec un enfant comme ça, le père n’est même pas là. Je pouvais pas le garder. Ça dépend, je pense que pour garder une grossesse ou bien prendre une pilule, ça dépend des circonstances, de notre situation, même financière, et puis la situation aussi familiale et tout ça. Ça compte. Parce que ici avoir un bébé toute seule, c’est compliqué. Déjà, ma fille elle a 6 ans, c’est difficile. "

  • Mme T. s'est autorisée à vivre en amour-libre, dans un contexte social et religieux qui le désapprouve

  • Situation de grossesse non désirée, au Québec, qui fait sens à partir des normes de sa famille et son entourage au Tchad

"Dans ma tête j’ai toujours voulu avoir des enfants, c’est mes parents qui voulaient pas que j’en aie."

"Mes parents ont payé une grande somme d’argent pour faire ça aussi [un avortement en Haïti, où c'est illégal]. Parce que ils ont fait ça en dessous de la table, et on a payé beaucoup."

Premières observations concernant les enjeux d'accès aux ressources de santé reproductive :

"Ici, ça m’a vraiment affecté parce qu’ils m’ont vraiment aidée et ils m’ont soutenue, et c’était vraiment quelque chose où on te juge pas, où on te dit OK on va t’aider.

(...)

Et c’était ce qui était bien : c’est même inclus dans l’assurance parce que imaginez que si je dois payer, et que lui il a fui, j’aurais payé avec quoi?"

Leviers d'une autonomie au plan reproductif

Analyse à partir du modèle de Lévesque et coll. (2013)

Beaucoup font état d'une grande complexité du système de soins québécois et de problèmes d'accessibilité

(temps d'attente à la clinique ou aux urgences, difficultés pour prendre rdv...)

Des normes sociales générant des conflits internes

Audrey Gonin (École de travail social, UQAM)

Anabelle Caron (Centre de santé des femmes de Montréal)

Être informée sur les ressources disponibles, ou pas, a joué un rôle clé

(politiques d'éducation sexuelle, rôle de la famille...)

I : Est-ce que vous en avez parlé à votre mère, ou votre père?

R : Je peux pas. Ils acceptent pas ce genre de chose. Donc j’ai pas, à part le [lieu où elle a obtenu un avortement] et vous maintenant, personne d’autre le sait.

"Mais moi aussi je me sentais mal aussi par rapport à tout ça, là… [une grossesse non planifiée] Je me disais ça doit pas arriver, mais c’est arrivé pareil."

"Non, on ne parlait pas de ça. C’était pas dans nos projets, c’était pas dans nos plans de faire un planning familial, ou d’avoir des enfants non plus. On voulait pas avoir des enfants, mais on avait pas parlé de planning familial non plus. On peut dire qu’on était jeunes aussi. "

  • Gratuité des services et non jugement

  • Se ménager des espaces pour faire des choix de vie

  • Le positionnement du partenaire

Le parcours de Mme T. :

entre rapports sociaux de genre, de classe, appartenance religieuse et enjeux ethnoculturels

Des enjeux croisés aux plans du genre et ethnoculturel

  • Une certaine ambivalence face aux grossesses vécues

  • Être réticente à la planification, tout en utilisant le condom, l'avortement et d'autres stratégies de contrôle des naissances

"Non moi j’aimais pas ça, ben j’aime pas ça le planning familial. C’est pas quelque chose… c’est pas dans mes valeurs, j’ai pas été élevée avec ça. "

"Même si je suis pas d’accord avec le contraceptif, même si moi je le prendrais pas, je conseillerais de le prendre."

Femme de 33 ans née au Tchad, de religion musulmane.

Elle est arrivée à Montréal 6 mois auparavant pour y faire une demande d'asile.

Mme T. a fui le Tchad pour empêcher que sa fille de 6 ans lui soit enlevée par le père et fasse l'objet d'une excision ainsi que d'une déscolarisation.

Aussi : impossibilité de refaire sa vie, suite à une séparation liée à la violence de son ex-mari.

Contexte de relations inter-ethniques au Tchad conduisant à une vulnérabilité.

Bibliographie

Plan de la présentation

  • Ceci n'est pas vraiment présenté comme un enjeu

(gratuité de l'avortement, peu de références au coût de la contraception)

C) Quelles perspectives pour les pratiques du CSFM ?

  • Plusieurs femmes sont allées chercher des services dans leur pays de naissance, face à des problèmes rencontrés au Québec

A) Contexte, questions de recherche et pertinence du projet pour le CSFM

B) Premiers résultats : l'intersection de multiples dimensions dans les parcours des femmes rencontrées

C) Quelles perspectives pour les pratiques du centre ?

Des contrepoids au plan des conditions de vie et de la place sociale

Alvarez-Nieto, C., Pastor-Moreno, G., Grande-Gascón, M. L., et Linares-Abad, M. (septembre 2015). Sexual and reproductive health beliefs and practices of female immigrants in Spain: a qualitative study. Reproductive Health, 2, 12-79.

Betancourt, G. S., Colarossi, L., et Perez, A. (2013). Factors associated with sexual and reproductive health care by mexican immigrant women in new york city: A mixed method study. Journal of Immigrant and Minority Health, 15(2), 326-333.

Degni, F., Suominen, S., Essén, B., El Ansari, W., et Vehviläinen-julkunen, K. (2012). Communication and cultural issues in providing reproductive health care to immigrant women: Health care providers' experiences in meeting somali women living in finland. Journal of Immigrant and Minority Health, 14(2), 330-43.

Dereuddre, R., Van de Velde, S. et Bracke, P. (2016). Gender inequality and the ‘East-West’ divide in contraception: An analysis at the individual, the couple, and the country level. Social Science & Medicine, 161, 1-12.

Du Prey, B., Talavlikar, R., Mangat, R., Freiheit, E. A., et Drummond, N. (septembre 2014). Induced abortion and contraception use among immigrant and Canadian-born women in Calgary. Le médecin de famille canadien, 60, e455-463.

Gonin, A., Pronovost, V. et Blais, M. (2014). Enjeux éthiques de l’intervention auprès de femmes vivant une grossesse imprévue au Québec. Rapport de recherche, Services aux collectivités de l’UQAM. En ligne : http://www.fqpn.qc.ca/?attachment_id=2478

Gonzalez, E. U., Sable, M. R., Campbell, J. D., & Dannerbeck, A. (2010). The influence of patriarchal behavior on birth control access and use among recent hispanic immigrants. Journal of Immigrant and Minority Health, 12(4), 551-8.

Heaman, M., Bayrampour, H., Kingston, D. et al. (2013). Migrant Women’s Utilization of Prenatal Care: A Systematic Review. Maternal and Child Health Journal, 17, 816-836.

Lévesque, J.-F. ; Harris, M. F. et Russell, G. (2013). Patient-centred access to health care:

conceptualising access at the interface of health systems and populations. International Journal for Equity in Health, 12(18), 1-9.

Ministère de l’Immigration, de la Diversité et de l’Inclusion du Québec (2014). Caractéristiques de l’immigration au Québec. Québec : Presses officielles du Québec. En ligne : http://www.midi.gouv.qc.ca/publications/fr/planification/caracteristiques-immigration-20122015.pdf, page consultée le 9 mars 2017.

Ministère de l’Immigration, de la Diversité et de l’Inclusion du Québec (2016). Portrait statistique. L'immigration permanente au Québec selon les catégories d'immigration et quelques composantes. Québec : Presses officielles du Québec. En ligne : http://www.midi.gouv.qc.ca/publications/fr/recherches-statistiques/Portraits_categories_2011-2015.pdf, page consultée le 9 mars 2017.

UNESCO (2012). Fiche EPT Tchad. En ligne : http://www.unesco.org/new/fileadmin/MULTIMEDIA/FIELD/Dakar/pdf/EFA%20Country%20Profile%20%20Tchad.pdf

Études universitaires, pendant 4 ans au Maroc - un parcours exceptionnel, au Tchad (Unesco, 2012) :

- taux scolarisation au niveau secondaire = 30%

- 186 étudiant.e.s pour 100 000 habitant.e.s (% femmes ?)

- "Le Tchad est un des pays ou l’inégalité des chances éducatives par sexe est la plus forte" : - de 15% d'alphabétisation chez les femmes

  • Position sociale qui lui a donné la possibilité d'avoir des relations de couple en amour-libre et de prendre la pilule pendant ses études

  • Une situation à double tranchant, toutefois...