Au Canada, 1 personne sur 5 est née à l'étranger : cette proportion de la population est supérieure à celle des États-Unis et de tous les pays d'Europe.
Le Québec a accueilli 441 000 immigrant.e.s au cours des dix dernières années (MIDI, 2014).
30,7 % de la population montréalaise est née en dehors du Canada, avec des pays de naissance très diversifiés (MIDI, 2016) :
- 31,7% provenaient de pays d’Afrique,
- 30,4 % d’Asie,
- 21,7% du continent américain
- 16% d’Europe
Des études réalisées en Europe et aux États-Unis montrent qu'on observe, pour les femmes immigrantes :
- 2 femmes nées dans des pays du continent africain
- 4 femmes nées dans des pays d'Europe
- 4 femmes nées dans des pays des Amériques
- 2 femmes nées des pays du continent asiatique
Ce projet a été conçu et développé en partenariat avec le Centre de santé des femmes de Montréal
Femme de 29 ans née en Haïti, de religion catholique.
Elle est arrivée à Montréal en 2010, en tant qu'étudiante, pour les opportunités d'études et pour être plus en sécurité.
Elle témoigne du rôle important que ses parents ont joué, concernant ses choix, en particulier quand elle était mineure (avortement à l'âge de 17 ans en Haïti).
Mieux comprendre les inter-relations entre :
a) la migration,
b) les conditions de vie et la place sociale,
c) les ressources de santé reproductive (au Québec et dans le pays d'origine),
d) les relations avec les partenaires et l'entourage,
e) et les stratégies des femmes en vue de leur autonomie reproductive
"Chez nous, notre culture et la religion, je peux pas avoir des enfants comme ça hors mariage. (...) Pour mes parents ça va être un choc et puis ça va me créer un conflit entre mes parents et moi. (...) Si je pouvais le faire et que la religion me le permettait, moi je m’en foutais des autres, je peux faire un enfant et puis le garder pour moi, c’est mon enfant."
"Le choix est clair parce que je suis avec un enfant comme ça, le père n’est même pas là. Je pouvais pas le garder. Ça dépend, je pense que pour garder une grossesse ou bien prendre une pilule, ça dépend des circonstances, de notre situation, même financière, et puis la situation aussi familiale et tout ça. Ça compte. Parce que ici avoir un bébé toute seule, c’est compliqué. Déjà, ma fille elle a 6 ans, c’est difficile. "
"Dans ma tête j’ai toujours voulu avoir des enfants, c’est mes parents qui voulaient pas que j’en aie."
"Mes parents ont payé une grande somme d’argent pour faire ça aussi [un avortement en Haïti, où c'est illégal]. Parce que ils ont fait ça en dessous de la table, et on a payé beaucoup."
"Ici, ça m’a vraiment affecté parce qu’ils m’ont vraiment aidée et ils m’ont soutenue, et c’était vraiment quelque chose où on te juge pas, où on te dit OK on va t’aider.
(...)
Et c’était ce qui était bien : c’est même inclus dans l’assurance parce que imaginez que si je dois payer, et que lui il a fui, j’aurais payé avec quoi?"
Analyse à partir du modèle de Lévesque et coll. (2013)
Beaucoup font état d'une grande complexité du système de soins québécois et de problèmes d'accessibilité
(temps d'attente à la clinique ou aux urgences, difficultés pour prendre rdv...)
Audrey Gonin (École de travail social, UQAM)
Anabelle Caron (Centre de santé des femmes de Montréal)
Être informée sur les ressources disponibles, ou pas, a joué un rôle clé
(politiques d'éducation sexuelle, rôle de la famille...)
I : Est-ce que vous en avez parlé à votre mère, ou votre père?
R : Je peux pas. Ils acceptent pas ce genre de chose. Donc j’ai pas, à part le [lieu où elle a obtenu un avortement] et vous maintenant, personne d’autre le sait.
"Mais moi aussi je me sentais mal aussi par rapport à tout ça, là… [une grossesse non planifiée] Je me disais ça doit pas arriver, mais c’est arrivé pareil."
"Non, on ne parlait pas de ça. C’était pas dans nos projets, c’était pas dans nos plans de faire un planning familial, ou d’avoir des enfants non plus. On voulait pas avoir des enfants, mais on avait pas parlé de planning familial non plus. On peut dire qu’on était jeunes aussi. "
"Non moi j’aimais pas ça, ben j’aime pas ça le planning familial. C’est pas quelque chose… c’est pas dans mes valeurs, j’ai pas été élevée avec ça. "
"Même si je suis pas d’accord avec le contraceptif, même si moi je le prendrais pas, je conseillerais de le prendre."
Femme de 33 ans née au Tchad, de religion musulmane.
Elle est arrivée à Montréal 6 mois auparavant pour y faire une demande d'asile.
Mme T. a fui le Tchad pour empêcher que sa fille de 6 ans lui soit enlevée par le père et fasse l'objet d'une excision ainsi que d'une déscolarisation.
Aussi : impossibilité de refaire sa vie, suite à une séparation liée à la violence de son ex-mari.
Contexte de relations inter-ethniques au Tchad conduisant à une vulnérabilité.
(gratuité de l'avortement, peu de références au coût de la contraception)
A) Contexte, questions de recherche et pertinence du projet pour le CSFM
B) Premiers résultats : l'intersection de multiples dimensions dans les parcours des femmes rencontrées
C) Quelles perspectives pour les pratiques du centre ?
Alvarez-Nieto, C., Pastor-Moreno, G., Grande-Gascón, M. L., et Linares-Abad, M. (septembre 2015). Sexual and reproductive health beliefs and practices of female immigrants in Spain: a qualitative study. Reproductive Health, 2, 12-79.
Betancourt, G. S., Colarossi, L., et Perez, A. (2013). Factors associated with sexual and reproductive health care by mexican immigrant women in new york city: A mixed method study. Journal of Immigrant and Minority Health, 15(2), 326-333.
Degni, F., Suominen, S., Essén, B., El Ansari, W., et Vehviläinen-julkunen, K. (2012). Communication and cultural issues in providing reproductive health care to immigrant women: Health care providers' experiences in meeting somali women living in finland. Journal of Immigrant and Minority Health, 14(2), 330-43.
Dereuddre, R., Van de Velde, S. et Bracke, P. (2016). Gender inequality and the ‘East-West’ divide in contraception: An analysis at the individual, the couple, and the country level. Social Science & Medicine, 161, 1-12.
Du Prey, B., Talavlikar, R., Mangat, R., Freiheit, E. A., et Drummond, N. (septembre 2014). Induced abortion and contraception use among immigrant and Canadian-born women in Calgary. Le médecin de famille canadien, 60, e455-463.
Gonin, A., Pronovost, V. et Blais, M. (2014). Enjeux éthiques de l’intervention auprès de femmes vivant une grossesse imprévue au Québec. Rapport de recherche, Services aux collectivités de l’UQAM. En ligne : http://www.fqpn.qc.ca/?attachment_id=2478
Gonzalez, E. U., Sable, M. R., Campbell, J. D., & Dannerbeck, A. (2010). The influence of patriarchal behavior on birth control access and use among recent hispanic immigrants. Journal of Immigrant and Minority Health, 12(4), 551-8.
Heaman, M., Bayrampour, H., Kingston, D. et al. (2013). Migrant Women’s Utilization of Prenatal Care: A Systematic Review. Maternal and Child Health Journal, 17, 816-836.
Lévesque, J.-F. ; Harris, M. F. et Russell, G. (2013). Patient-centred access to health care:
conceptualising access at the interface of health systems and populations. International Journal for Equity in Health, 12(18), 1-9.
Ministère de l’Immigration, de la Diversité et de l’Inclusion du Québec (2014). Caractéristiques de l’immigration au Québec. Québec : Presses officielles du Québec. En ligne : http://www.midi.gouv.qc.ca/publications/fr/planification/caracteristiques-immigration-20122015.pdf, page consultée le 9 mars 2017.
Ministère de l’Immigration, de la Diversité et de l’Inclusion du Québec (2016). Portrait statistique. L'immigration permanente au Québec selon les catégories d'immigration et quelques composantes. Québec : Presses officielles du Québec. En ligne : http://www.midi.gouv.qc.ca/publications/fr/recherches-statistiques/Portraits_categories_2011-2015.pdf, page consultée le 9 mars 2017.
UNESCO (2012). Fiche EPT Tchad. En ligne : http://www.unesco.org/new/fileadmin/MULTIMEDIA/FIELD/Dakar/pdf/EFA%20Country%20Profile%20%20Tchad.pdf
Études universitaires, pendant 4 ans au Maroc - un parcours exceptionnel, au Tchad (Unesco, 2012) :
- taux scolarisation au niveau secondaire = 30%
- 186 étudiant.e.s pour 100 000 habitant.e.s (% femmes ?)
- "Le Tchad est un des pays ou l’inégalité des chances éducatives par sexe est la plus forte" : - de 15% d'alphabétisation chez les femmes