Moocs en questions

Moocs en questions

UN MOOC

CNRS-LYON1

http://liris.cnrs.fr/ideal/mooc/

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1) Le MOOC, un feu de paille ?

Non, il est maintenant démontré qu’un MOOC est bel et bien un objet familier du web. Comme la plupart des objets du web, il est accessible de partout, sans procédure compliquée, utilisant les autres objets du web (travail collaboratif), porteur de nouveaux usages co-construits par les apprenants qui s’y intéressent et génère des initiatives nombreuses pour le décliner sous des formes variées. Cet objet semble inscrit durablement dans le paysage du web, avec un nombre sans cesse croissant de Moocs accessibles librement (voir la cartographie française tentée par Rémi Bachelet) et un nombre toujours impressionnant d’apprenants qui s’y inscrivent (plusieurs millions d’inscrits dans le monde et plusieurs centaines de milliers sur les seuls Moocs proposés en France).

?

Agents autonomes et apprentissage développemental

WEB SÉMANTIQUE !

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8) Quelle est la conclusion de la mission ?

Les MOOCs sont des objets nouveaux du web. Ils ne sont pas stabilisés dans leur forme et leur réalisation. Un enjeu très important pour la recherche sur le sujet est d’accompagner cette dynamique par des recherches situées et actives sur la réalité des Moocs. Deux instruments, financés par l’ANR et à l’initiative des acteurs du volet national de la mission, démarrent maintenant : un réseau national et international d’équipes de recherche capitalisant les connaissances sur les EIAH pour constituer des projets à l’échelle Européenne, et un observatoire, HUBBLE s’intéressant à l’observation fine des usages liés à l’éducation à l’ère du web dans des conditions éthiques claires et partagées avec les apprenants.

Fin de

l'enseignement

universitaire ?

Alain Mille

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2) Les MOOCs remplacent l’enseignement à l’université ? Cette question ne se pose plus car la réponse est NON. Les Moocs ouvrent l’université et en augmentent l’impact dans la société. Les inscrits à un MOOC sont des apprenants, pas des étudiants. Pour comprendre cette différence essentielle, il faut se représenter les trajectoires d’apprentissage des uns et des autres. L’apprenant s’inscrit à UN cours, dans une trajectoire d’apprentissage individuelle spécifique. L’étudiant suit un cours dans une trajectoire d’apprentissage collective dans laquelle il s’inscrit pour obtenir un grade générique. Si on imagine les trajectoires individuelles comme des lignes s’inscrivant dans l’espace des apprentissages, on aura une pelote dynamique de lignes dans le cas des inscrits aux Moocs, et un tissage régulier et organisé par la société dans le cas des inscrits à l’université. Il est bien sûr possible d’utiliser le medium d’un MOOC sur une trajectoire étudiante, mais sous une forme fermée que Pierre Dillembourg, de l’Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne appelle SPOC (Small Private Online Courses).

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MODELE ECONOMIQUE ?

Que sait-on des Moocs (Massive Open Online Courses) ?

C’est cette question que Alain Fuchs, Président du CNRS m’a posé en me chargeant d’une mission sur le sujet en avril 2013, mission qui s’achèvera en décembre 2014.

Pour instruire cette question, la mission s’est donné un volet national et un site pilote.

Le volet national mobilise la communauté de recherche pluridisciplinaire sur les Environnements Informatiques pour l’Apprentissage Humain (EIAH) avec Vanda Luengo (LIG, Université Joseph Fourier Grenoble), Nathalie Guin (LIRIS, Université Claude Bernard, Lyon), Serge Garlatti (Telecom Bretagne) et Jean-Marie Gilliot (Telecom Bretagne).

Le site pilote est à Lyon avec comme partenaires principaux le CNRS, Lyon1, l’ENS-Lyon et l’Université de Lyon.

Cette mission a donc permis de réaliser une veille internationale active sur le sujet (conférences, visites, séminaires, montage de projets de recherche, école d’été du CNRS) tandis que le pilote de Lyon est l’occasion d’expérimenter des Moocs en les concevant, les suivant, les instrumentant, les analysant.

Que ressort-il de cet effort de compréhension et que sait-on des Moocs à l’issue de cette mission ?

MISSION COAT

(Connaissance Ouverte à Tous)

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7) Quel est le modèle économique des Moocs ?

La mission n’a pas pu vraiment étudier sérieusement cette question. Ce qu’il apparaît de la veille réalisée sur les Moocs, c’est que le modèle économique n’est pas unique et dépend beaucoup du contexte. Les modèles économiques des Moocs déployés par l’Open University , une université ou un groupe universitaire, une société privée, un groupe international, une association, etc.. ne sont pas les mêmes et ne sont de plus sans doute pas stabilisés. Pour les publics intéressés, ils sont gratuits dans leur version standard, et il faut parfois payer des services supplémentaires. Un nombre croissant de Moocs sont destinés à intéresser les apprenants d’un cours à s’inscrire à une formation qui elle possède un modèle économique robuste. Nous cherchons actuellement à identifier une équipe de recherche (économie, sociologie) qui ferait cette étude avec une approche rigoureuse.

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3) Un MOOC, c’est une série de vidéos avec des Quizz ?

Cette définition correspond au standard de fait proposé sur les plateformes américaines comme EDx ou encore COURSERA appelé souvent x-Moocs. Toutefois, les chercheurs qui ont observé les usages des apprenants s’inscrivant sur ces plateformes ont vite compris que la plateforme était le point de départ du Mooc, mais ne constituait pas un lieu unique pour l’apprentissage, car les apprenants s’organisent sur les réseaux sociaux pour travailler collaborativement, produire des supports, s’aider mutuellement et échanger (les forums de la plateforme sont loin d’être ceux les plus utilisés pendant l’apprentissage). D’autres plateformes sont conçues plus ouvertes et intègrent cette composante d’apprentissage collaboratif, des composantes de jeu, etc. On peut citer CANVAS , et dans le monde francophone l’original Claroline Connect (open source et soutenu par un consortium très actif à Lyon et Louvain la Neuve) qui donne les mêmes outils aux apprenants qu’aux enseignants-concepteurs, s’inscrivant directement dans la philosophie de l’apprentissage collaboratif et des classes inversées. Des initiatives privées comme celle d’OpenClassRoom , en France, s’inscrivent dans le même modèle d’apprentissage.

MOOC

=

Vidéos + Quiz ?

TRACES

D'APPRENTISSAGE

=

BIG DATA

?

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6) Les traces d’apprentissage font-elles partie des Big Data ?

Ce que l’on appelle Big Data est constitué des productions exponentielles de données numériques ensuite disponibles d’une manière ou d’une autre dans les environnements informatiques et singulièrement sur le web. Les traces d’interactions des utilisateurs du web en constituent une partie significative. Les traces d’apprentissage médié par le web en font donc partie. Ces traces sont extrêmement personnelles et sensibles. A l’instar des données d’un dossier médical, ces données fournissent une information sur les capacités cognitives des apprenants, pour le meilleur comme pour le pire. La fabrication de profils pour alimenter des CV a même été considérée comme un élément économique par de grands fournisseurs internationaux de Mooc. C’est donc un enjeu considérable pour les chercheurs de proposer des objets traces qui soient des objets garantissant la vie privée, mais aussi partageables sous une forme négociée entre l’apprenant et ceux qui sont intéressés par cette trace comme les enseignants, les concepteurs, les chercheurs naturellement. Le propriétaire des éléments présents dans une trace à la suite de ses interactions est l’apprenant lui-même. Cette question est complexe et fait l’objet d’un programme de recherche international.

Qualité d'un MOOC

=

Qualité des contenus

?

Quel est le défi principal pour la recherche ?

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ALLER PLUS LOIN

http://prezi.com/thustzyfv_q9/?utm_campaign=share&utm_medium=copy&rc=ex0share

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5) Quelle est la question de recherche nouvelle principale soulevée par les Moocs ?

Tout enseignement à distance nécessite une observation de l’activité d’apprentissage pour en permettre l’évaluation et organiser la remédiation à des situations d’échec d’apprentissage. Cette observation se fait essentiellement via les traces d’interaction d’apprentissage qui servent de base pour construire des indicateurs d’apprentissage, eux-mêmes constituant des profils, utilisés pour la personnalisation de l’apprentissage. Ce qui est radicalement nouveau avec les MOOCs c’est que puisque ce sont les apprenants qui réalisent le Mooc avec des objectifs très personnels, ils doivent disposer des outils leur permettant d’analyser eux-mêmes leurs apprentissages, de les confronter facilement aux autres, de faciliter le feedback personnel aux enseignants, etc. La trace devient alors un outil pour l’apprenant lui-même, elle doit être réflexive, appropriée, questionnable, etc. Un volet important du Pilote à Lyon a été de développer un tel objet sur la base des travaux de l’équipe SILEX (LIRIS) .

4) La qualité d’un MOOC, c’est d’abord la qualité des contenus proposés ? Oui et Non… C’est une condition nécessaire, mais pas suffisante. C’est une condition nécessaire car les apprenants attendent de disposer de ressources au contenu incontestable (autorité scientifique de l’université par exemple) et stimulant pour leur apprentissage qui est un effort considérable. Elle n’est pas suffisante, car il faut aussi savoir animer un MOOC en organisant les activités mobilisatrices des apprenants : situations de jeu, de travail avec les pairs, d’évaluation par les pairs, de co-production de travaux, d’échanges directs entre pairs (synchrones et asynchrones), de tutorat par les pairs, etc. Une leçon principale issue des travaux de la mission est : si ce sont bien les enseignants qui conçoivent les contenus et proposent les activités, ce sont les apprenants qui réalisent le MOOC lui même. Les principaux acteurs d’un MOOC sont les apprenants.